En annonçant l'hospitalisation du président, âgé de 76 ans, mardi au lendemain de son transfert à Paris à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce, la présidence a souligné qu'il s'agissait simplement d'un "contrôle de routine" et qu'il serait rentré pour ce vendredi.

Dans ce communiqué cité par l'APS, il est aussi précisé que son état de santé s'améliore "sûrement" et de "façon progressive".

état de santé de BouteflikaAbdelaziz Bouteflika a passé 80 jours en France en 2013, d'abord au Val-de-Grâce puis à l'Hôtel des Invalides, centre militaire de rééducation pour les gros handicaps, pour sa rééducation. Et il avait déjà été hospitalisé à Paris en 2005 pour un ulcère hémorragique de l'estomac, auquel il avait dit avoir survécu "miraculeusement".

"Le président aurait signé avant son départ en France le décret (...) par lequel est convoqué le corps électoral pour la présidentielle", croit savoir le journal El Khabar.

Pour le quotidien arabophone privé, cette nouvelle hospitalisation "relancera la polémique, non pas sur sa candidature à l'élection de 2014, que bon nombre d'observateurs excluent d'ores et déjà avec certitude, mais sur sa capacité physique à terminer son troisième mandat".

"Le président est retourné à l'hôpital militaire au moment où la scène politique est entrée dans une phase d'attente", affirme le quotidien Echorouk, le plus fort tirage du pays.

"Cache-t-on la vérité ?", s'interroge en Une le quotidien francophone El-Watan, qui note que "la maladie du président a plongé l'Etat dans une paralysie inédite".

Et le journal Liberté de renchérir: "si l'état de santé du président de la République ne suscite aucune inquiétude, une question se pose: pourquoi se rendre au Val-de-Grâce à 48 heures de la convocation du corps électoral?".

Aucun discours public depuis 2012
Depuis son retour de France le 16 juillet, M. Bouteflika, qui détient le record de longévité au pouvoir en Algérie, a convoqué deux conseils des ministres -lui seul étant habilité à le faire-, les deux seuls à avoir été tenus en un an.

Il n'a par ailleurs participé à aucune manifestation publique.

Il a reçu des hôtes étrangers, surtout arabes, mais aussi deux Français: le maire de Paris Bertrand Delanoe fin novembre puis en décembre le Premier ministre Jean-Marc Ayrault.

M. Bouteflika n'a plus jamais parlé en public depuis mai 2012 à Sétif. "Notre génération a fait son temps", avait-il affirmé laissant entendre qu'il fallait passer la main aux jeunes.

Les quelques images diffusées par la télévision nationale depuis six mois ont subi des montages pour le montrer bougeant le bras ou remuer les lèvres.

Seul dirigeant étranger à faire une déclaration sur son état de santé après leur rencontre de 45 minutes, M. Ayrault avait jugé qu'il était "très courageux après sa maladie" et "très bien informé sur les dossiers".

Parallèlement, le Front de Libération nationale (FLN), dominant à l'assemblée nationale avec 208 élus sur 462, maintient qu'il reste son candidat pour un 4e mandat, écartant toute velléité d'invoquer l'article 88 de la constitution pour le démettre à cause de son état de santé.

Plus de quinze personnalités souhaitent briguer la magistrature suprême. L'ancien Premier ministre de M. Bouteflika, Ali Benflis, candidat malheureux en 2004, est celui qui suscite l'espoir au sein de l'opposition. Il devrait faire une annonce dimanche sur cette question.

Un éditorialiste du Quotidien d'Oran s'amusait mercredi à définir le candidat parfait pour le système politique opaque de l'Algérie: l'homme de la "transition formelle" ou celui de "la transition remise à plus tard".